Jeudi 16 mai, 7h du mat’, je bois mon café tranquillement en écoutant France Info lorsqu’un chroniqueur se met à parler de Vivatech et des innovations à la française. D’habitude, je suis plutôt zen, mais là j’ai senti une légère pression. Vivatech, on en parle partout, c’est le salon de l’innovation, et madamePee, dont je fais partie, y installe non pas un stand mais cinq cabines urinoires. Comme l’a écrit Le Parisien, c’est « une vitrine puissance dix pour madamePee »! Plus de 100 000 personnes sont attendues dont 40 % de femmes d’après les prévisions. J’imagine 40 000 femmes se ruant sur les cabines madamePee en même temps ! Puis je ferme les yeux et me dis : « Calme toi. On y va. »

Ah oui, je ne me suis pas présentée : Alexandra, membre de madamePee depuis six mois. J’ai rencontré Nathalie quand elle est venue voir le campus de Ville d’Avray. A l’époque, elle cherchait un appui technique et moi je travaillais au laboratoire de recherche de l’université de Nanterre  dans le cadre de mon master II en Génie industriel Eco-conception et aéronautique. Elle m’a raconté que les urinoires madamePee étaient des cabines alors que j’imaginais de simple pisse-debout., et surtout elle m’a dit que le produit était conçu par des femmes pour des femmes. Ça m’a emballé. J’ai donc rejoint madamePee où je participe, aujourd’hui, aux évolutions du produit avec notre atelier de design. En ce moment, je calcule, entre autres, les contraintes que subissent les arceaux de la cabine grâce à des calculs d’élément finis. Le produit évolue sans cesse. C’est ce qui permet de rester devant. Et c’est passionnant.

Voilà, voilà, mais revenons à Vivatech. Je rejoins l’équipe près des cabines madamePee. Et là, petit hic, les urinoires madamePee et les cabines mixtes sont installées dehors. Or tous les stands sont à l’intérieur. Les femmes ne penseront pas à venir. En plus, il fait froid, la plupart des visiteuses sont en tailleurs et en talon. Voudront-elles venir ?

Nathalie a prévu la parade : arpenter les toilettes intérieures du salon saturés de monde et distribuer des flyers aux visiteuses qui attendent pour leur dire que des urinoires sont à leur disposition dehors si elles le souhaitent.

David, Juliette (une amie que j’ai fait venir en renfort) et moi sommes chargés de distribuer les plaquettes. Nathalie et Paul restent près des cabines pour veiller à que tout se passe bien et nettoyer si besoin. Ce n’est pas forcément nécessaire. Les cabines sont no touch, et leur usage s’est déjà révélé intuitif aux précédents événements. Mais on est vigilants. Ces cabines, c’est un peu notre bébé, vous comprenez.

Pendant les trois jours du salon, on a tourné ainsi en switchant d’équipe à alterner observation/nettoyage des urinoires madamePee et pédagogie/ recrutement aux files d’attente des toilettes intérieures du salon. Quand on leur tendait un flyer, certaines filles posaient des questions : « Ah ok comment ça marche ? », « J’connaissais pas, intéressant. » D’autres promettaient de venir et « adoraient le concept ! »  Et nous avons constaté que les personnes qui passaient, repassaient. A l’usage, les filles ont utilisé nos cabines naturellement. La signalétique que nous avons travaillée fonctionne. Si le salon n’a pas fait un gros volume pour madamePee, le succès qualitatif est indéniable. Ça m’a gonflé le moral. Je suis partie au foodtruck avec Paul et Nathalie, et on n‘a pas pris qu’une salade.

VIva Tech 2019