Dès petite fille, les femmes se résignent à ce que faire pipi en dehors de chez elles soit difficile. Elles élaborent toutes sortes de stratégies pour trouver l’endroit le moins inadapté, le moins sale, le moins dangereux… Jusqu’à se retenir avec les conséquences sur leur santé parfois dramatiques que cela représente. Comment en est-on arrivé là et, surtout, pourquoi, en 2019, cette réflexion est-elle toujours d’actualité ? Et, pourquoi les femmes passent-elles, en moyenne, 36 fois plus de temps dans les files d’attente aux toilettes que les hommes ? Les femmes doivent-elles se résigner à ce que, faire la queue aux toilettes lors de festivals, au départ des courses à pied, à l’entracte des théâtres, l’été dans les stations-service, fasse partie de la « condition féminine » ? Le problème ne viendrait-il alors pas du fait que les services restent faits pour et par les hommes ? Nous sommes en droit de nous poser la question.

La bonne nouvelle, c’est que les choses bougent. La société prend conscience de l’ampleur des impacts économiques que représente une mauvaise expérience dans les sanitaires. Par exemple, une fille qui rate une partie du concert car elle a dû attendre aux toilettes aura du ressentiment vis à vis de l’organisateur et ne se privera pas d’exprimer son mécontentement sur les réseaux sociaux. Et d’ailleurs pour éviter la file d’attente, elle boira moins… Parfois, l’attente aux toilettes sera si longue, les toilettes si sales, qu’elle ne viendra pas à la prochaine édition. Malgré cela, dans l’organisation d’événements, dans l’aménagement des espaces publics, la question des toilettes est souvent la dernière roue du carrosse et la première coupe budgétaire. Les organisateurs doivent améliorer l’expérience des sanitaires pour rester compétitifs. On a vu fleurir les « food-trucks » dans les festivals de musique et les courses-à-pied, à quand des toilettes de qualité équivalente ?

 

L’accès aux sanitaires est également une injustice qu’il faut corriger. Si 95% des femmes remontent une insatisfaction due à la rapidité, à l’hygiène ou à la sécurité de l’accès aux toilettes en extérieur, très peu d’hommes s’en plaignent. Depuis les #metoo et l’afflux médiatique qui s’en suit, ignorer les inégalités homme/femme est devenu anachronique. Jusqu’à preuve du contraire, le sujet nous concerne toutes et tous. Pour un homme comme pour une femme, il est impossible de profiter d’un concert ou d’un match en se retenant de faire pipi. C’est un besoin physiologique vital.

Heureusement, les mentalités changent et les solutions existent : toilettes mixtes, urinoires pour femmes, augmentation des surfaces. Pour que les choses bougent, il est temps de considérer les sanitaires à leur juste valeur : essentiels et indispensables ! Gageons que dans 3 à 5 ans, les files d’attente aux toilettes pour les femmes paraîtront tout aussi anachroniques que de fumer dans un avion !

 

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madamePee à Solidays

Ergonomes, urbanistes, organisateurs d’événements, journalistes, politiques, unissons nos efforts et profitons de cette opportunité d’en terminer rapidement avec cette inégalité.

#genderequality #toilettes #quickwin

 

Par Nathalie des Isnards, fondatrice de madamePee